Les Grands Anglo-Français blanc et noir
Il se différencient des français de même couleur par une tête plus courte, un crâne plus plat, pratiquement sans bosse occipitale, et des arcades sourcilières proéminentes ; le chanfrein est plus court, avec une cassure de front bien marquée. L’oreille est attachée haut, de longueur moyenne, tournant légèrement au niveau de sa pointe. Ils ressemblent à des lévesques, chez lesquels I’influence anglaise n’apparaîtrait que parcimonieusement. Cela est d’autant plus vrai que parmi les grands anglo-français des trois couleurs, c’est chez eux que le sang anglais doit être le moins apparent.
Mis à part les grands bleus de Gascogne, il faut se rendre à l’évidence que nos vieilles races, les saintongeois et les gascons-saintongeois, sont en nombre extrêmement restreint. Certains ont donc pensé qu’il aurait été préférable de garder les appellations « gascons-saintongeois » pour nos chiens français, tout en tenant compte de l’évolution de la race, constituée actuellement par les français blanc et noir.
Le lot le plus homogène reste celui du rallye Araize, cette meute étant en majorité formée par des chiens de ce type.
Au terme de cette brève étude relative à l’état actuel des chiens blanc et noir, nous sommes à même de formuler un certain nombre de conclusions.
Même si certains ne veulent pas l’admettre, nous n’hésitons pas à écrire que les chiens blanc et noir sont d’un type de plus en plus français, ce qui à notre avis est la meilleure évolution que l’on puisse souhaiter.
Ces chiens montrent actuellement une excellente santé ; pourvus d’une très bonne construction, ils font preuve à la chasse des qualités physiques les mieux appropriées. Cet excellent état de choses nous autorise à prétendre que pour l’instant la retrempe anglaise n’est pas justifiée, comme elle le fut peut-être entre l’époque de M. Beauchamp et celle du marquis de Roüalle.
Cette amélioration physique est aussi due au fait que les chiens reçoivent une nourriture plus complète et plus équilibrée que les chiens d’autrefois. Nous ne pensons pas que la soupe, la « mouée », l’unique carnage puissent être comparés aux aliments très étudiés que l’agroalimentaire met à la disposition des maîtres d’équipage, actuellement, si on ne pense pas à l’effort financier énorme qu’ils obligent à consentir.
Sans vouloir commettre des indiscrétions — M. Anthony Hublot du Rivault ne disait-il pas que l’éleveur n’est pas tenu de publier ce qu’il fait dans son « arrière-cuisine » —, nous sommes certains qu’actuellement bien des éleveurs retournent au sang français dans les blanc et noir, en se servant de quelques rares gascon-saintongeois. Il sera intéressant de juger plus tard les résultats ; c’est pour l’instant chose prématurée.
Disons enfin que les blanc et noir peuvent chasser tous les animaux même s’ils sont plus volontiers utilisés par les veneurs de chevreuil. Ce choix se comprend, si l’on sait qu’ils sont très fins de nez, dépêchants, et plus doués dans le change que les tricolores. Si les poitevins ont une meilleure pointe de vitesse qu’eux, il n’en demeure pas moins vrai que les blanc et noir gardent une tenue remarquable. On pouvait craindre à un certain moment qu’avec l’apport anglais ils perdent leur voix. En retournant au type français, les éleveurs leur ont redonné la gorge de nos vieilles races.
Terminons, en nous risquant vers la prospective. Nous l’avons observé en bien des cas, certaines variétés voisinent par trop ; d’ici à dix ans, elles devront fusionner. Ainsi verrons-nous peut-être réapparaître des chambrays, au lieu des grands anglo-français blanc et orange, et des lévesques à la place des grands anglo-français blanc et noir.
Le problème des tricolores sera certainement plus difficile à régler car, ou on réunira sous la dénomination « français », et pourquoi pas « falandre », tous les anglo-français et tous les français tricolores, qui ne seront pas des poitevins, ou on supprimera les français tricolores, mais on ne pourra pas appeler les autres des « falandres ».
Je laisse à mon successeur au Club du chien d’ordre le soin de régler cette question…
Standard du Grand Anglo-Français Blanc et Noir
Aspect général : chien assez puissant avec une forte ossature rappelant bien son origine gascon-saintongeoise.
Tête et crâne : forte, plutôt courte avec des lignes parallèles. Crâne plutôt plat, bosse occipitale à peine marquée, arcades sourcilières proéminentes.
Truffe : noire, développée et plutôt relevée.
Chanfrein : un peu plus long que le crâne, avec une cassure du front bien marquée.
Babines : développées, commissures des lèvres bien soulignées, carrure accentuée.
Yeux : marrons, assez enfoncés.
Oreilles : attachées assez largement à la hauteur de la ligne de l’oeil, assez plates, se tournant bien pour devenir des oreilles de longueur moyenne se terminant plutôt en pointe.
Cou : fort, fanon plus ou moins développé.
Epaules : longues bien musclées.
Membres antérieurs : forts et bien dirigés.
Pieds : gros et grands, plutôt ronds.
Poitrine : large et assez descendue.
Côtes : moyennement arrondies.
Dos : droit et soutenu.
Rein : assez large, droit et plutôt court.
Flanc : bien rempli.
Croupe : oblique, hanches assez saillantes.
Cuisses : bien descendues, musclées, sans être gigotées.
Jarrets : forts, près de terre et un peu coudés.
Fouet : fort à la naissance, se terminant en pointe effilée, long et droit quand le sujet est en mouvement.
Robe : obligatoirement blanche et noire, à grand manteau, taches noires plus ou moins étendues, pouvant présenter des mouchetures noires ou bleutées, ou même de couleur feu, mais ces dernières uniquement sur les membres. Une tache pâle au-dessus de chaque oeil ainsi que du feu pâle aux joues, sous les yeux, sous les oreilles et à la naissance de la queue (robe dite « quatroeuillée »). Comme chez le gascon-saintongeois la « marque de chevreuil » à la cuisse est assez fréquente.
Poil : ras mais assez fort.
Peau : blanche sous poil blanc, noire sous poil noir, avec parfois des plaques au ventre et à la face interne des cuisses, de couleur bleue ou brun foncé.
Taille : grands chiens de 0,65 m à 0,72 m pour les mâles et de 0,62 m à 0,68 m pour les femelles.
Allure : souple, galop allongé.
Défauts : prognathisme ; yeux trop clairs ; ladre à la truffe, excès de ladre par ailleurs ; sans être éliminatoire, les feux vifs ne sont pas à rechercher.