Tous les membres, suiveurs et amis de l’Equipage et de la Vénerie, prendront connaissance avec intérêt du discours prononcé le 14 mai 1982, à l’occasion de l’Assemblée Générale de la Société de Vénerie, par Monsieur TUFFERY, Conseiller Technique du Ministère de l’Environnement.
"Je voudrais vous demander, tout d’abord, d’excuser M. Michel Crépeau, Ministre de l’Environnement. Vous n’ignorez pas qu’il est aussi maire de La Rochelle et qu’à ce titre, il donne, ce week-end, le départ de la course de voiliers La Rochelle - La Nouvelle-Orléans. ll m’a demandé de vous témoigner l’intérêt qu’il porte à la vénerie, à la chasse sous terre, à la chasse au vol et, d’une façon générale, à toutes les formes de chasse qui ne sont pas à tir, qui sont inscrites dans le code rural et la loi française et qui marquent les grandes traditions de notre pays, auxquelles le Ministre est fort attaché, comme, d’ailleurs, le Gouvernement dans son ensemble".
" Les veneurs figurent, naturellement, parmi les interlocuteurs du Ministre ; certains ajoutent même que ce sont des interlocuteurs privilégiés puisque, malgré quelques moments difficiles l’an dernier, il n’a pas pris la décision de supprimer la vénerie.
"Ce n’est pas faire preuve d’un esprit conservateur que de s’attacher à maintenir la tradition. C’est, au contraire, l’attitude normale d’une société qui veut conserver les acquis de son histoire et qui veut évoluer tout en maintenant ce qui a participé à son passé.
En ma qualité de Conseiller Technique du Ministre de l’Environnement pour les problèmes de chasse et de pêche, j’ai eu, en maintes occasions, la possibilité de m’entretenir avec certains d’entre-vous. J’ai pu ainsi constater que les discussions se déroulaient dans une atmosphère de détente, contrairement à d’autres réunions de chasseurs où, parfois, compte-tenu des passions qui s’affrontent, le dialogue est difficile.
Les veneurs mettent une grande passion dans la pratique de leur chasse mais beaucoup de courtoisie dans la discussion de leurs problèmes".
" Quels sont ces problèmes ? J‘ai eu à m‘entretenir avec vos représentants sur les problèmes des équipages, des dates de fermeture et de clôture de la chasse à courre, les problèmes des chasses d’entraînement, ceux concernant les baux en forêt domaniale, qui méritent que s’ouvre une discussion avec le Ministère de l’agriculture. J’ai pu ainsi mesurer quel était votre souci de respecter une éthique de qualité dans la pratique de votre activité ; malgré la passion que vous nourrissez, vous savez aussi appliquer la raison qui s’impose et je souhaiterais que toutes les chasses respectent une éthique semblable à la vôtre.
Vous êtes, évidemment, des amoureux des chiens. Tout le monde ne comprend pas que chasser, le lièvre, le sanglier, le cerf ou le chevreuil à courre, c’est surtout faire travailler vos chiens. C’est là une notion qui n’est peut-être pas facilement perceptible de la part du grand public, je le sais. Une meute, ce n’est pas une troupe de chiens, ce n’est pas inorganisé, c’est autre chose, que l’on construit, quelquefois de génération en génération. C’est un travail de longue haleine. Tout ces éléments qui relèvent de la finesse de votre art ne sont, d’ailleurs, pas perçus comme ils le mériteraient par le grand public… et c’est dommage".
"C’est vrai que, compte-tenu des passions, des sensibilités, qui se développent autour de votre chasse, il est difficile d’avoir la grande explication nécessaire auprès du grand public. C’est vrai que c’est le genre de questions que l’on n’a pas le droit de poser ou de se poser. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas souhaiter aboutir à des situations claires. Nous tenterons, nous essayerons, avec le Ministre de l’Environnement, de faire comprendre que, en définitive, c’est une chose assez remarquable que d’avoir su entretenir une tradition comme la vôtre et qu’il ne faut éprouver, mais alors vraiment, aucune honte à être veneur… bien au contraire.
Ces quelques mots pour vous dire que vos mérites sont connus et que nous vous aiderons à faire en sorte que vos équipages puissent continuer à vivre et que la tradition française de la vénerie puisse se maintenir".