Le virus de la Vènerie est une maladie incurable. Si elle n’est pas soignée, la démangeaison devient vite intolérable. Si on tente de l’apaiser par une pratique plus ou mois assidue, le remède est pire que le mal car on apprend vite qu’on ne sait rien : on veut dissiper ses troubles, on insiste et tout s’aggrave au fil des ans.
LE RALLYE PIQUE AVANT NIVERNAIS est un Etablissement Spécialisé qui accueille les sujets les plus contagieux. La saison des cures dure six mois.
Les locaux ne sont pas très vastes mais sont bien tenus. En fait, les traitements s’effectuent le plus souvent à l’extérieur, bien que la fréquentation du laboratoire semble également très positive. Les premières consultations s’étalent sur un certain laps de temps, nécessaire au responsable de l’établissement pour juger de l’état de santé des nouveaux patients.
Ces derniers, lorsqu’ils ne sont pas de faux malades, s’évertuent naïvement à démontrer leur incompétence, ce qui ne manque pas d’indisposer ou d’amuser les habitués.
Notons que si les interventions au cours des soins sont appréciées inégalement selon les circonstances, le tapage musical nocturne en fin de cure semble favoriser les relations entre les curistes habituels et les nouveaux.
On peut être surpris de constater que le personnel se compose seulement d’un Infirmier-Chef et d’un Assistant à temps partiel (bien que non spécialistes de la seringue on les nomme "piqueurs").
Cependant, quelques bénévoles contribuent à l’entretien sanitaire des locaux.
Selon la fièvre qui règne, l’infirmier-chef administre ses soins calmement ou fermement. Atteint gravement lui-même par le mal, il lui arrive de se soigner tout seul. Les pensionnaires aussi du reste. Les nouveaux venus s’égarent parfois dans le dédale des couloirs et perdent le bénéfice de l’intégralité des séances mais leur volonté de guérir, leur aptitude à la thérapie de groupe font qu’un jour, le Responsable de l’Etablissement établit un diagnostic favorable.
Ainsi curieusement, c’est en traitant cette démangeaison de Vènerie que l’on prend un bouton.
Pierre-Marc Malhet.